Ludovic – pull bleu, de dos – attentif à la présentation des « Fioretti » de Pau par Pierre-Emmanuel Gabe le 4 novembre à Lourdes
Au cœur de la séquence « Écologie intégrale » de l’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, un forum de huit ateliers présentait une série d’initiatives aux évêques, à leurs invités et aux invités des associations de la diaconie. Rencontre avec Ludovic à la sortie d’un de ces ateliers.
L’agriculture et les arbres : amis ou ennemis ? Un jardin humain pour l’insertion par le jardinage et en permaculture en plein centre-ville : utopie ou réalité ? Ludovic ressort d’un atelier autour de ces questions, animé par Pierre-Emmanuel Gabe, président et porteur du projet « Les Fioretti », à Pau. Ingénieur électronicien de formation et anciennement salarié chez Total à Pau, Pierre-Emmanuel a fait germer l’idée de ce projet sur le terreau de sa double reconversion dans le monde de la permaculture et du bois, d’une part, d’actions de bénévolat auprès de populations réfugiées, d’autre part.
« C’est une initiative jeune mais déjà très riche, commente Ludovic, parce qu’elle se structure et ouvre de nombreuses perspectives avec un lien assez complet entre une dimension écologique au sens environnemental, un projet d’insertion sociale – une association qui accueille des migrants à Pau – et la paroisse qui met à disposition le terrain. On est vraiment sur une initiative d’écologie intégrale. »
Ludovic est laïc en mission au sein de l’Union diaconale du Var (UDV), la première de ce genre née en Europe en 1982, qui regroupe cinq pastorales de compassion : santé, solidarité, deuil, migrants et personnes détenues et leurs familles. « Dans cet atelier, j’ai été marqué aussi par le témoignage d’une représentante du diocèse d’Angoulème où l’évêché a transformé une partie des jardins qui l’entourent en jardins partagés. » Et d’ajouter que de nombreuses paroisses en France disposent de terrains, parfois quelques dizaines de mètres carrés seulement, pour faire fleurir et fructifier des initiatives semblables. « Il y a beaucoup à faire, sans doute ! »
Dans son diocèse de Toulon-Fréjus, Ludovic pense à l’exemple d’une paroisse qui a enclenché un modèle de refondation. Sur les fondations d’une situation de pauvreté pour ce territoire paroissial, le diocèse du Var relance une dynamique en envoyant un couple missionnaire pour créer des jardins partagés dans un quartier dit « Politique de la ville ». Succès garanti pour une démarche de retour à la terre combinée à une politique de distribution alimentaire. Toujours dans le Var, le jeune homme évoque le Hameau Saint-François – qui est présenté dans un autre atelier de cette séquence Écologie intégrale de l’assemblée plénière des évêques. Le lieu combine habitat, travail de la terre, élevage et réinsertion.
Réinsertion… parlons-en ! Ludovic soulève la question de la modélisation. Comment s’y prendre dans une France où certaines démarches et certains cadres – en particulier celui de Chantier d’insertion – sont lourds à mettre en place ? Récemment, à Toulon-Fréjus, l’UDV a reçu l’agrément OAK, très peu connu en France pour l’instant. Le principe est pourtant assez simple : moyennant une activité d’insertion, possibilité est donnée à une structure de type associatif de rémunérer les personnes via un petit pécule. S’il ne donne pas de moyen, l’agrément permet de générer ce pécule exonéré des charges patronales et donne un statut dérogatoire au droit du travail. « On l’expérimente dans le Var sur une activité d’hébergement et sur une ressourcerie – la revente, pour une somme modique, d’objets qui sont en trop dans nos familles. Grâce à l’OAK, ce statut est comme un intermédiaire qui motive les personnes : elles viennent, récupèrent un peu d’argent et font un premier pas. » Ludovic rappelle que les trois piliers de l’obtention de l’agrément sont : disposer d’un lieu d’hébergement, proposer une activité de réinsertion et assurer un suivi social. « On arrive à réunir ces trois critères dans notre projet ! C’est tout nouveau pour nous, l’agrément nous a été donné à l’été 2021. Mais c’est une bonne piste à explorer, je pense, pour d’autres diocèses.»
Alors, du Béarn et de ses Fioretti au Var et sa diaconie, en passant par les jardins de l’évêché d’Angoulème, « diaconie » est bien davantage qu’un mot au-delà des maux.
Lourdes m’a reboosté ! Par Ludovic
En 2017, j’ai participé à l’université de la diaconie. Mais c’est ma première participation à l’assemblée plénière des évêques. Je venais dans un esprit de découverte, pour me laisser surprendre. Je suis très sensible à ce que les évêques se mettent à l’écoute des personnes en précarité qui sont, pour moi, les vrais experts qu’il faut non seulement entendre mais surtout écouter. Je mesurais mercredi matin – 3 novembre – tout le travail qui a été fait par les différents groupe sur la préparation. Je suis bluffé. Quelle richesse dans le travail produit ! Chacun d’entre nous n’en a vécu qu’un tout petit bout puisque nous ne participions qu’à un seul atelier. J’espère que nous aurons accès à tous les textes qui ont été écrits par la dizaine de groupes. Je ressors de ces deux journées ressourcé, dynamisé, avec une très grande espérance et la conviction que les questions abordées au sujet de l’écologie intégrale se travaillent sur le long terme. Il faut continuer, il y a de vrais enjeux de coordination, de travail en commun entre les diocèses. Dans le Var, nous avons expérimenté que les vrais projets qui ont porté du fruit résultent d’une collaboration entre diocèse, paroisses, associations. Certes, il faut davantage de temps, à cause justement de cet effort de coordination, mais ce sont justement ces projets là qui tiennent dans la durée.
Pour aller plus loin :
Tout savoir sur la diaconie du Var :
https://frejustoulon.fr/diocese/services-et-pastorales/diaconie/
Visite les Fioretti de Pau :
Propos recueillis par Pascal Fournier, Responsable de la communication du diocèse de Rodez, pour le webzine Tout est lié.