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Mag #3
3 – Troisième numéro
Agir

Innovation sociale dans le rural avec « La Terre en Partage »

Publié le 21 octobre 2020

Faire de la procédure d’asile une période constructive pour les migrants, c’est le pari de « La Terre en Partage ». Depuis décembre 2018, à Saint-Just-le-Martel, près de Limoges (87), des demandeurs d’asile se forment au maraîchage en permaculture. La ferme du Mazet bénéficie du statut d’Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activité Solidaire (OACAS).

« Un vide destructeur ». C’est ainsi que Boris et Clémence Skierkowski qualifient le temps qui s’écoule une fois la demande d’asile déposée auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA). Bénévoles sur les campements parisiens, lui a fait le Conservatoire, elle, une grande école de commerce. Leur projet est celui d’une entreprise sociale, avec étude de faisabilité, levée de fonds et coaching… « Il suffit de bien s’entourer », note Boris, en pensant à l’encadrant technique qui supervise le travail agricole.

Envoyé par l’Office Français de l’Immigration et Intégration (OFFI), chaque demandeur d’asile travaille 15 heures hebdomadaires. La cuisine et le ménage sont assurés par les résidents eux-mêmes, pour lesquels 19 logements ont été préparés. Des bénévoles les accompagnent au quotidien (cours de français, ateliers culturels ou sorties).

Après un premier potager de 4000 m2, les serres d’un deuxième ont été commandées. Une parcelle en « agro foresterie » va voir le jour. A terme, l’idée est d’obtenir le label Agriculture biologique. Sur ces terres d’élevage bovin, le choix d’une production maraîchère répond également à un besoin encadré par la loi. Car en 2022, la restauration scolaire devra être à 20 % bio et provenir à 50 % d’un circuit court.

Redonner confiance en eux aux réfugiés

« Je fais plein de choses qui me rendent fier de moi » témoigne le Guinéen Amadou. Pour le Soudanais Waleed, l’attente d’un rendez-vous est remplacée par le travail quotidien. Rythme régulier et discipline structurent désormais leur vie, troublée pour beaucoup d’entre eux par des problèmes de sommeil. Heureusement il y a un club de foot au village !

« La vraie chance du rural, c’est la proximité entre les personnes » confie Boris. Curieux, les voisins se sont intéressés à ces hommes venus d’ailleurs. Leurs talents (couture, peinture) ont été valorisés. Et en apportant une aide ponctuelle, les « visiteurs solidaires », ouvrent encore l’horizon de ces hommes qui forment une communauté intergénérationnelle (19-44 ans), internationale (Afghanistan, Guinée, Soudan, Mali, Sierra Leone, Irak) et aux parcours de vie très différents.

Combiner alimentation durable et accompagnement des demandeurs d’asile est donc possible. Boris veut susciter les vocations : « Quand on connaît son territoire, on sait comment intégrer. Si nous l’avons fait, d’autres peuvent réussir aussi ».

Source : Courrier de la pastorale des migrants (n°139- Février 2020)

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