L’accueil des jeunes nous a rendus plus attentifs à l’urgence climatique

Je remercie l’équipe du webzine Tout est lié de la Conférence des évêques de France, de poursuivre cette belle initiative et de m’avoir demandé de préparer cette réflexion pour le cinquième épisode.

À Taizé, nous avons à cœur de participer à l’élan actuel pour la sauvegarde de la Création. En parlant de Création pour décrire notre planète et tous les êtres vivants, on est déjà dans une perspective croyante. Si nous parlons de Création, c’est que nous nous reconnaissons comme partie intégrante du dessein du Dieu créateur. Dans la tradition monastique, on trouve une très ancienne attention à cette question. Dans la liturgie, chanter les psaumes éveillent notre conscience que les êtres humains font partie de la Création et fait aussi mûrir en nous un appel à l’unité intérieure « Rassemble mon cœur pour qu’il t’adore » (Psaume 85).

Dans son encyclique Laudato Si’, le pape François prend aussi comme exemple le lien étroit soulignée par Saint Benoît dans sa règle entre le recueillement et le travail. Il écrit « cette manière de vivre le travail nous rend plus attentifs et plus respectueux de l’environnement et l’imprègne de saine sobriété notre relation au monde ». À ces éléments partagés par toute la famille monastique, j’aimerais encore ajouter deux réflexions plus spécifiques liées à notre expérience de l’accueil à Taizé.

D’abord, je voudrais souligner combien l’accueil des jeunes nous a rendus plus attentifs à l’urgence climatique. En nous tenant à l’écoute de la jeune génération, nous sommes très interpellés par l’engagement de nombreux jeunes pour la cause écologique et la sauvegarde de la biodiversité. Nous voyons éclore de multiples initiatives à la base, grâce auxquelles certains prennent des engagements très concrets. Ces initiatives me semblent de plus en plus avoir un impact au niveau politique. Souvent, je remercie les jeunes de nous rendre plus conscients de notre responsabilité pour faire face aux causes néfastes des changements climatiques suscités par l’activité humaine. Ensuite, j’aimerais ajouter que parmi les jeunes qui nous visitent en dehors bien sûr, de la période actuelle de la pandémie qui nous a obligés à fermer l’accueil pour le moment, certains sont à la fois très engagés dans l’Église, dans la communauté chrétienne locale, et prennent les engagements dont je viens de parler mais il y en a d’autres pour lesquels le lien avec l’Église est moins évident. Nous sommes alors attentifs avec mes frères à toujours faire le lien avec la foi. Lorsqu’on parle d’écologie, à cet égard nous sommes beaucoup aidés par la parole des responsables chrétiens sur cette question et aussi par les initiatives œcuméniques comme le réseau des églises vertes que nous avons rejoint il y a deux ans comme beaucoup de monastères en France et aussi dans d’autres pays.

Pour finir, j’aimerais faire une proposition concrète chaque année en septembre a lieu la saison de la Création, à l’initiative du pape François et du patriarche par Bartholomée et d’autres responsables d’Église. Pourrions-nous proposer à cette occasion dans beaucoup de nos églises locale une veillée de prière pour la sauvegarde de la Création, précédée d’un temps de réflexion. Enraciné dans la tradition monastique, nous voudrions toujours veiller à nous renouveler dans tous nos engagements à la source de la prière.

C’est dans un dialogue chaque jour renouvelé avec son Père que Jésus a trouvé la force d’aider tant de personnes autour de lui. Dans la confiance de la foi nous découvrirons combien Dieu est à l’œuvre dans sa création et combien il nous appelle aujourd’hui à être responsable pour notre merveilleuse planète et pour la prochaine génération.