Retour
Mag #10
10 – Dixième numéro
Agir

Lazare : le désir de partager sa vie

Publié le 4 novembre 2021

Rencontre avec… Guirec, co-locataire Lazare à Nantes

« Dans une église, un vieux monsieur m’a présenté un jeune homme qui était à la rue et m’a demandé si je pouvais faire quelque chose pour lui. Il avait froid. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Cyril. » Quelques jours après, Guirec invite Cyril chez lui, prend du temps pour l’écouter et s’aperçoit au fil du temps et de leurs rencontres que le jeune homme ravive peu à peu la flamme de la foi qui sommeillait en lui. « Notre amitié l’a aidé, c’est sûr. » De fil en aiguille, Cyrille demande le baptême, puis la confirmation. Cette démarche entreprise par le jeune homme a encouragé Guirec à vivre et déployer cette proximité avec des personnes marginalisées. Avec un ami qui ressent les mêmes aspirations que lui, Guirec renouvelle de manière spontanée cette expérience au service de personnes de la rue.

Alors, quand Lazare arrive à Nantes, c’est tout naturellement que les deux amis se mettent à l’écoute du projet et se décident à vivre l’engagement, en Église, de manière plus formelle et dans un cadre plus organisé.

A l’instar de Marthe et Marie, ou encore Simon de Cyrène, les colocations Lazare répondent au désir de partager sa vie, son existence quotidienne avec des personnes qui ont un parcours très différent, avec parfois un handicap physique, mental ou social. Guirec a trouvé dans cette vie une vraie joie. « Il y a plusieurs années que je vis à Lazare et ce n’est pas une charge que je m’impose » même si le jeune professionnel reconnait que « la vie n’est pas toute rose, mais ce n’est pas bien différent de la vie en famille, en fait ! »

Dans la « famille Lazare», les membres essaient d’éviter une charité descendante, dans laquelle il y aurait d’un côté celui qui a, qui possède, et de l’autre celui qui reçoit. « C’est le mouvement-même de Dieu, de Jésus qui s’est fait homme parmi nous, démuni parmi les démunis » précise Guirec. « On apprend tous les uns des autres. » En participant aujourd’hui aux échanges avec les évêques et leurs invités réunis à Lourdes, Guirec forme le vœu que chacun d’entre eux puisse expérimenter cela, percevoir un trésor qu’il ne trouverait pas ailleurs. Les « pauvres » ont une grâce particulière qui peut n’être donnée que si d’autres viennent la recevoir. « Des ponts se construiraient là où on aurait pensé le lieu infranchissable. » Au travers de repas de l’amitié ou de journées portes ouvertes, le réseau Lazare offre déjà, à un large public, d’en faire l’expérience, de goûter ce que vivent les colocataires et, qui sait, de voir germer le désir de partager sa vie.

Lazare, moi et les autres

Le choix de ce mode de vie n’est pas sans conséquence dans la relation de Guirec avec son entourage. « J’ai été animateur en pastorale dans une collège-lycée de Nantes. Très vite, les élèves savaient que je faisais partie de Lazare. Il m’est arrivé aussi d’inviter d’autres colocataires à témoigner auprès des jeunes. D’autres jeunes professionnels co-locataires, au contraire, restent plus discrets dans leur environnement de travail. Certains en parlent, ce qui soulève des questions. Une des missions de Lazare, en tout cas, est de faire réfléchir, de faire cheminer les autres personnes de nos familles, nos collègues. Ce que nous vivons en tant que co-locataires Lazare se répercute sur d’autres personnes de notre entourage. » Alors, certes, tout le monde ne va pas aller vivre dans une colocation Lazare. L’un pourra en revanche organiser un repas, un autre ira courir un marathon pour Lazare, un troisième louera en toute confiance un petit studio à une personne qui envisage de quitter la colocation mais se retrouve sans garant.

« Nos maisons proposent des colocations d’hommes et des colocations de femmes. La moitié de nos colocs avaient besoin d’un abri, l’autre moitié sont à l’abri du besoin. Ils choisissent de vivre ensemble, tout simplement. »

Réseau Lazare

Propos recueillis par Pascal Fournier, Responsable de la communication du diocèse de Rodez, pour le webzine Tout est lié.

Partager
l'article