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Propositions d’engagements adressées aux diocèses par le réseau des référents à l’écologie intégrale

Publié le 23 mai 2023
Propositions d’engagements adressées aux diocèses par le réseau des référents à l’écologie intégrale

Ce document rassemble un ensemble de propositions appelées à un travail de discernement local. Il a été travaillé par les référents diocésains à l’écologie intégrale en février 2022, puis par les évêques et leurs invités lors de l’Assemblée plénière d’avril 2022, avant de faire l’objet d’une synthèse par les référents diocésains en début puis en fin d’été 2022.

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Inévitablement, il peut susciter une impression d’empilement plus ou moins disparate. Mais il ne s’agit pas tant de « faire des choses en plus » que de répondre joyeusement à l’appel du Seigneur à ajuster notre relation aux autres et au monde, en repérant et en choisissant ce qu’il est possible de « faire autrement », dans l’esprit de créativité auquel nous invite Laudato si’. Pareillement, il n’y a pas lieu de vouloir « tout faire » : le recensement ci-dessous indique des pistes possibles ; à chaque diocèse d’identifier celles qui lui paraissent les plus appropriées. Comme nous le rappelle sans cesse le Pape, « tout est lié » : aussi, afin de pallier les risques de la simple juxtaposition, est-il recommandé de chercher à associer les uns aux autres les engagements que l’on choisira de privilégier, dans un souci de cohérence globale. Le « tout est lié » nous invite en effet à chercher à « mieux relier » les unes aux autres les différentes facettes de nos vies et de nos engagements, en faisant de l’écologie intégrale un levier d’enracinement de notre foi et un chemin de conversion. En dépit de sa longueur, cette liste de propositions n’est évidemment pas exhaustive. Elle n’est pas non plus hiérarchisée, et comporte des pistes d’action de natures très diverses.

Quelques axes structurants peuvent toutefois être soulignés :
– Tout particulièrement ce qui concerne Église Verte, dans la mesure où il s’agit d’une démarche à la fois locale et nationale, qui vise à prendre en compte les différentes dimensions de l’écologie intégrale, et qui le fait en étroit lien œcuménique avec nos frères et sœurs des autres Églises chrétiennes.
– Mais aussi ce qui touche à la charité, à la solidarité, à la diaconie et à la volonté de faire toute leur place aux personnes les plus fragiles : il n’est pas d’écologie intégrale sans souci des plus pauvres.
– Et, à la racine, ce qui permet de fonder nos engagements sur les plans spirituel et théologique, et de les nourrir par la prière et la liturgie.

 

 

Ces propositions s’enracinent dans diverses réalisations et expériences déjà effectives, vécues dans un certain nombre de diocèses et de lieux d’Église. L’immense majorité d’entre elles concernent l’échelle d’un diocèse, de ses paroisses et de ses communautés ecclésiales ; quelques-unes s’inscrivent toutefois dans une dimension nationale, mais elles ont vocation à se vivre sur le registre du travail en commun et du partage collaboratif. Parce que toutes visent des engagements concrets, elles sont le plus souvent exprimées par des verbes d’action à l’indicatif, et présentées sur un mode plus opérationnel que littéraire. Elles ne relèvent cependant ni de la consigne normative, ni du mode d’emploi à appliquer point par point. Leur registre est au contraire celui de l’invitation à la liberté créative, et c’est bien dans cet esprit que nous espérons qu’elles seront entendues, travaillées et suivies d’effets.

1) En réponse aux appels graves et pressants de notre temps et dans l’élan de Laudato si’ et de Fratelli tutti, construire une feuille de route sur trois ans : priorités retenues, engagements pris, manière d’y travailler, échéances. La nourrir de tout ce qui se vit déjà, ainsi que de l’identification des besoins, des ressources et des intuitions des paroisses, groupes et mouvements, communautés religieuses, établissements catholiques, etc. L’élaborer sur un mode synodal, avec les divers conseils et instances collaboratives présents dans le diocèse. Ainsi conçue, elle pourra engager toutes les communautés du diocèse sur un chemin de conversion écologique dans l’émerveillement, le partage, la sobriété joyeuse et le souci de la communion.

2) Cette conversion ne constitue ni une option facultative, ni un service diocésain de plus, mais représente un enjeu transversal à l’ensemble de la vie de l’Église. L’équipe rassemblée autour de la feuille de route sera donc composée de manière à mettre en lien les différentes réalités ecclésiales du diocèse et les diverses facettes de l’écologie intégrale : diaconie et solidarité, participation des personnes en situation de fragilité, formation, spiritualité et liturgie, enjeux éthiques, économiques et sociaux, respect de la dignité de toute personne de la conception jusqu’au dernier souffle, etc. Potentiellement animé par le référent à l’écologie intégrale, le travail de cette équipe tiendra le plus grand compte de la diversité des réalités locales (comme de celle des réalités diocésaines dans l’hypothèse d’une démarche vécue à l’échelle de la Province ecclésiastique). « À travers le culte, nous sommes invités à embrasser le monde à un niveau différent. L’eau, l’huile, le feu et les couleurs sont assumés avec toute leur force symbolique et s’incorporent à la louange. La main qui bénit est instrument de l’amour de Dieu et reflet de la proximité de Jésus Christ qui est venu nous accompagner sur le chemin de la vie. L’eau qui se répand sur le corps de l’enfant baptisé est signe de vie nouvelle. Nous ne nous évadons pas du monde, et nous ne nions pas la nature quand nous voulons rencontrer Dieu. » Laudato si’, no 235

3) Mettre à la disposition des prêtres et des équipes liturgiques des outils de formation en ligne (MOOC) pour vivre la liturgie dans l’esprit de l’écologie intégrale (travail à mener à l’échelle nationale). Pour ce faire, s’appuyer sur la richesse des ressources disponibles et mutualiser les expériences et les initiatives vécues dans les diocèses.

4) Créer un répertoire de chants liés à la Création et favoriser la création artistique-liturgique en ce domaine (échelle nationale).

5) Redécouvrir et valoriser le patrimoine de la liturgie et de l’art sacré en lien avec le thème de la Création.

6) Inciter les paroisses à prendre en compte les différents aspects de l’écologie intégrale dans la messe dominicale (prière universelle par exemple), et à porter toujours plus le souci de la place de tous, notamment des plus fragiles, dans la liturgie.

7) Élaborer des propositions locales invitant à vivre le dimanche à la lumière de Laudato si’ et de Fratelli tutti : comme un temps de rencontre avec le Seigneur, soi-même, les frères et sœurs, la Création. Voir notamment l’ouvrage publié par le Service National pour la Pastorale Liturgique et Sacramentelle, Le dimanche : Un art de célébrer et de vivre, sous la direction de B. Melois et S. Gall-Alexeeff, Mame, 2022.

8) S’appuyer sur les temps liturgiques, notamment Avent et Carême, pour (re)découvrir le sens et la force du jeûne personnel et communautaire et de la sobriété.

9) Mettre en valeur le Temps œcuménique pour la Création (journée diocésaine, pèlerinage local, marche spirituelle,…), et faire place à l’écologie intégrale dans le cadre de la semaine pour l’unité des chrétiens.

10) Dans les formes diverses de la piété populaire (processions, pèlerinages, rogations, bénédictions, fêtes patronales,…), célébrer le fruit de la terre et du travail des hommes. « Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne. » Laudato si’, no 217

11) Encourager et promouvoir dans les différentes instances et communautés la prise de conscience de la place de l’écologie intégrale dans la foi et la mission de l’Église.

12) Sensibiliser et informer sur la gravité des problèmes écologiques. Utiliser notamment les outils d’Église verte, mais aussi ceux que proposent des associations extérieures à l’Église, comme par exemple la Fresque du climat ou la Fresque de la biodiversité, en respectant dans ce cas leur autonomie mais en veillant à la manière de les employer dans un contexte chrétien.

13) Poursuivre et diffuser le travail théologique et anthropologique sur notre rapport à la Création – notamment aux animaux. Le site d’Église Verte propose à ce sujet des outils d’appropriation de la fresque du climat en milieu chrétien : https://www.Égliseverte.org, rubrique « Ressources et outils », onglet « Engagements local et global ».

14) Initier et proposer localement des groupes de lecture et de partage portant sur l’écologie intégrale, en particulier à l’aide de parcours bibliques.

15) En s’appuyant sur tout ce qui se vit déjà1, développer et mutualiser des formations à l’écologie intégrale, y compris au besoin en utilisant les possibilités du numérique (MOOC). Associer formation théorique (théologie de la création, pensée sociale de l’Église, questions éthiques, etc.) et formation pratique, et veiller à accompagner la dimension intellectuelle par les sphères spirituelle, artistique, manuelle, corporelle,…

16) Faire toute sa place à l’écologie intégrale dans la formation initiale et continue des prêtres, des diacres permanents, des laïcs en mission ecclésiale et des adjoints et animateurs en pastorale des établissements catholiques : théologie de la création, notion de péché écologique, enjeux pastoraux de la conversion écologique, dimension liturgique, etc.

17) Promouvoir des pratiques pédagogiques éclairées par l’écologie intégrale : animation en intelligence collective, communication non-violente,…

18) Inclure et développer la place de l’écologie intégrale dans les parcours de catéchèse et de catéchuménat.

19) Accompagner les écoles, collèges, lycées et établissements d’enseignement supérieur catholiques sur la voie de la conversion écologique. En particulier, se rendre attentifs à toutes les propositions de formation développées par les Universités catholiques, les structures ecclésiales de formation, les mouvements d’Église, les communautés monastiques, etc. « La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie, et encourage un style de vie prophétique et contemplatif, capable d’aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. » Laudato si’, no 222

20) Présenter et partager l’élan de l’écologie intégrale comme un art de vivre et un chemin de conversion, à partir d’une définition synthétique élaborée à l’échelle nationale.

21) Utiliser et faire connaître la « Plateforme d’action Laudato si’ » du Dicastère pour le développement intégral, et inciter les membres des communautés catholiques à s’en nourrir et à l’enrichir de leurs expériences. Pareillement, diffuser le travail et les propositions du « Mouvement Laudato si’ ».

22) Inciter tout particulièrement les paroisses, les établissements scolaires catholiques, les congrégations, les mouvements, les associations, les familles et les jeunes à entrer activement dans la démarche « Église verte ».

23) Partout où c’est possible, promouvoir les éco-lieux qui témoignent de la conversion écologique, et encourager les expérimentations en ce sens (échelle diocésaine). Pour ce faire, commencer par recenser et rendre visibles les éco-lieux catholiques ou d’inspiration chrétienne (échelle nationale).

24) Là où c’est possible, ouvrir les locaux et terrains du diocèse / des paroisses aux associations et à la société civile, dans une double logique d’ouverture et d’optimisation des locaux.

25) Sensibiliser et informer les acteurs diocésains sur la question du désinvestissement des énergies fossiles. Engager le diocèse dans cette voie et mener une politique de mise en cohérence éthique, sociale et environnementale des placements financiers de l’Église. À l’échelle nationale, poursuivre le travail d’identification des placements compatibles avec les orientations de la pensée sociale de l’Église et de l’écologie intégrale, afin d’apporter aux diocèses qui le souhaitent une aide en ce sens.

26) Promouvoir des pratiques numériques plus vertueuses et plus sobres.

27) Dans la vie du diocèse / des paroisses, dans nos réunions et dans le quotidien de chacun, améliorer les pratiques environnementales (fin de la vaisselle jetable, politique zéro déchets, etc.) ; privilégier la sobriété et les achats éthiques, durables et locaux.

28) De même, valoriser la dimension spirituelle du repas1 et en induire une plus grande attention à nos choix alimentaires : sobriété, circuits courts, produits de saison, produits issus de l’agriculture raisonnée et/ou de l’agriculture biologique, moins de viande (en dialogue avec le monde agricole, et en privilégiant les produits de qualité issus de l’élevage de proximité), etc.

29) Poursuivre une démarche de sobriété énergétique et s’y engager plus encore (par exemple, par la mesure et le suivi de l’empreinte carbone des évêchés et des paroisses).

30) Favoriser la valorisation du foncier et du bâti sous-utilisé ou à l’abandon, en veillant prioritairement à la qualité humaine et environnementale de leur utilisation (nouvel usage, mise à disposition, location, vente).

31) Développer les jardins partagés sur les terrains paroissiaux et diocésains disponibles, afin notamment de favoriser l’inclusion des personnes en situation difficile.

32) Recourir autant que possible à des entreprises d’insertion pour les contrats signés par le diocèse et les paroisses.

33) Développer une politique de mobilité douce pour les salariés et l’ensemble de la communauté catholique du diocèse.

34) Inviter les catholiques à participer, à titre personnel ou en groupe, aux événements et aux manifestations publiques portant sur les enjeux écologiques (par ex., la Marche du Climat) en y témoignant de la dimension spirituelle.

35) Entretenir et développer des liens et des partenariats avec celles et ceux qui, à l’extérieur de l’Église, sont engagés pour sauvegarder la « Maison Commune » (militants associatifs, agriculteurs, architectes et urbanistes, scientifiques, personnels soignants, éducateurs, acteurs des entreprises locales, acteurs de l’économie sociale et solidaire, artistes, etc.). « La préservation de la nature fait partie d’un style de vie qui implique une capacité de cohabitation et de communion. Jésus nous a rappelé que nous avons Dieu comme Père commun, ce qui fait de nous des frères. » Laudato si’, no 228

36) Éclairer tous les projets et toutes les actions par l’attention prioritaire aux personnes en difficulté et aux personnes les plus fragiles, dans le souci constant du respect de toute vie aux différents moments de son existence.

37) Développer les éco-lieux porteurs d’accueil des plus précaires et de mixité sociale et intergénérationnelle.

38) Donner la parole aux personnes en fragilité et s’appuyer sur leur expérience, à l’instar de ce qui s’est vécu lors de Diaconia 2013 ou de l’Assemblée plénière des évêques de novembre 2021. Grâce au savoir-faire des mouvements et réseaux engagés dans cette démarche, favoriser notamment la création ou le développement de groupes de partage d’Évangile ouvrant un espace de parole aux sans voix et à celles et ceux qui ne se sentent pas écoutés dans l’Église.

39) Travailler les questions d’écologie intégrale de manière transversale avec les différents services et mouvements comme avec les EAP ou les équipes pastorales, afin d’infuser la démarche de conversion écologique dans leurs projets et leurs actions.

40) Organiser des temps propices à la découverte mutuelle et au dialogue entre le monde rural et le monde urbain dans toutes leurs diversités respectives.

41) Initier à destination des élus des temps d’échanges sur les enjeux de l’écologie intégrale ; organiser des débats publics sur ces enjeux.

42) Faire place aux enjeux d’interculturalité et de solidarité internationale – en s’appuyant sur l’expertise et les propositions de divers mouvements tels que le Secours Catholique ou le CCFD. Veiller par exemple à associer les prêtres étrangers et les paroissiens venus de l’étranger aux initiatives prises par le diocèse en matière de conversion écologique, ou encore travailler les questions d’écologie intégrale dans le cadre des jumelages interdiocésains.

43) Maintenir un poste « écologie intégrale » dans les services nationaux de la CEF, et avoir dans chaque diocèse un référent à l’écologie intégrale, avec lettre de mission, entouré d’une équipe et positionné en transversalité avec les services diocésains.

44) Mutualiser les ressources et les outils ; mettre en place à l’échelle nationale une banque de données et un site web.

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