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Mag #7
7 – Septième numéro
Comprendre

Cinéma et dignité humaine : quel défi ?

Publié le 10 mai 2021

Nul ne l’ignore, un film est porté par un réalisateur. Par l’image et le son, il crée un environnement, il raconte une histoire. Le choix du sujet, la manière de le traiter sont ces « armes », sa voix propre pour exprimer son message, son regard particulier sur le monde.

Bien souvent alors, le cinéma peut être un moyen prophétique de dénoncer le non-respect de la dignité humaine, d’attirer notre regard sur l’incohérence de notre monde, sur des situations pour lesquelles nous ne voyons même plus qu’elles tuent la vie. Des réalisateurs reviennent de façon récurrente sur ces questionnements.

Je pense en particulier à Ken Loach où cette interrogation est systématique dans ces derniers films et occupe une place importante de son œuvre régulièrement primée.

A travers une tranche de vie de personnages qui vivent un quotidien ordinaire et difficile, il nous permet de nous identifier à eux, de nous interroger sur leur façon de vivre, de se battre jour après jour pour rester debout. C’est souvent dans la rencontre de l’autre que solidarité, entraide se mettent en place et magnifient cette profonde humanité si indispensable pour vivre….même si l’issue est souvent dramatique. C’est aussi un moyen pour le réalisateur de dénoncer des dysfonctionnements de la société anglaise, de dénoncer des injustices sociales.

Dans son dernier film par exemple, Sorry we missed you, le héros est chauffeur livreur et doit accumuler un nombre d’heures de travail et de colis à livrer toujours plus rapidement pour obtenir un salaire même pas décent. L’équilibre de la famille est engagé et la question de l’ubérisation soulevée.

Dans Moi, Daniel Blake, c’est la confrontation au quotidien avec les services sociaux qui est dépeinte avec une précision quasi documentaire grâce au dépouillement de la mise en scène.

Dans La part des anges, l’éducateur par la transmission de sa passion pour le whisky, ouvre une humanité aux jeunes qu’il encadre.

L’œuvre d’autres réalisateurs peut être interrogée dans ce sens également. Pensons aux frères Dardenne, à Robert Guédiguian….

Et parce que c’est en en parlant après la projection du film que le fruit sera encore plus riche, je pointe ici quelques films pour renvoyer sur des propositions d’échange. La liste est très loin d’être exhaustive !

Moi Daniel Blake, Sorry we missed you, La part des anges, Ken Loach

Les neiges du Kilimandjaro, Gloria Mundi, Robert Guédiguian

Rosetta, Deux jours, une nuit, La fille inconnue, frères Dardenne

Anne Dagallier, chargée de mission cinéma au sein de la Conférence des évêques de France

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