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Mag #7
7 – Septième numéro
Comprendre

Défenseurs des droits

Publié le 25 mai 2021

« Prions pour ceux qui luttent au péril de leur vie pour les droits fondamentaux sous les dictatures, les régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties en crise, pour que leur sacrifice et leur travail donne un fruit abondant ». (Pape François 6.04 021)

Prier c’est faire silence et écouter mais aussi chanter, danser, agir avec ces défenseurs, à la lumière de la pleine de tendresse de Dieu qui se reflète dans leur sourire et leur courage.

Qui sont-ils ?

Et qui sont-elles car elles sont nombreuses parmi ces défenseurs ? Depuis quelques décennies, aux côtés des militants sur le terrain apparaissent des « défenseurs » des droits. Ils vivent et œuvrent avec les « activistes » et se fixent des tâches spécifiques pour dénoncer les violations, désigner les responsables, lutter contre l’impunité et engager des procédures. On pense à la Russie et les opposants, l’Arabie saoudite et les femmes incarcérées, l’Amérique latine et les défenseurs des paysans privés de terre, l’Asie aux cotés de nombreuses minorités discriminées. Ils agissent aussi en France aux cotés des militants, contre les inégalités.

Ils se forment et acquièrent des compétences professionnelles tout spécialement dans la communication. Outil essentiel pour faire connaitre une cause et assurer une protection minimale à celles et ceux qui vivent sur le terrain.

Ils agissent parfois seuls, mais le plus souvent au sein d’organisations associatives ou syndicales plus ou moins tolérées par les autorités. Ils gardent un lien étroit avec leur population.

Dans plusieurs pays des organismes indépendants assurent la même mission : la Justice et tout spécialement les cours constitutionnelles. En France fut institué le Défenseur des droits, aujourd’hui Claire Hédon, qui dénonce les décisions de certaines administrations et recommande l’adoption de nouvelles mesures.

Que défendent-ils ?

Ils s’appuient sur la dynamique des droits de l’homme lancée par la Déclaration universelle (ONU 10/12/48) et un ensemble de textes internationaux ou nationaux. Ces documents expriment  une conviction : «  Les peuples du monde entier ont proclamé leur foi en la dignité et la valeur de la personne humaine »  ainsi qu’un but, libérer « l’homme de la terreur et de la misère ».

Cette affirmation ainsi que les droits et devoirs qui en découlent engagent les états.

Les défenseurs des droits dans le monde entier, contredisent l’opinion selon laquelle les droits de l’homme seraient le monopole de quelques occidentaux. Ils ne seraient pas universels. Demandez aux défenseurs des droits, torturés, emprisonnés à ce titre par les dictatures : les droits de l’homme sont aussi leur patrimoine ! Sous un contrôle mondial, ils adapteront ces droits à leur culture.

Ils savent que les accords internationaux ou nationaux constituent un engagement à partir duquel ils peuvent contester les injustices et interpeller les autorités : vous avez signé le principe de la liberté religieuse, de l’interdiction de la torture, du droit de chacun à un niveau de vie suffisant… que faites-vous de votre signature ? Cette question reprise solidairement dans d’autres pays devient un levier pour « faire bouger les choses ».

De telles protestations ont un prix : les défenseurs sont de plus en plus maltraités, voire persécutés, malgré les textes spécifiques devant les protéger.

Et nous ?

Les défenseurs des droits affirment que notre présence à leurs côtés ne fait disparaître ni la misère ni la persécution, mais elle permet un petit miracle : ils ne sont plus seuls ! Rejoints dans leurs actions, au cœur de la nuit de la persécution, leur courage reprend sens, la marche en avant redevient possible, ensemble.

Nous les rejoignons à travers des partenariats avec leurs associations, ou par nos engagements socio-politiques et la pression sur nos autorités afin qu’elles construisent un monde plus fraternel. Comment notre système éducatif nous aide-t-il à devenir non des éternels mécontents mais de patients défenseurs des droits fondamentaux ?

La défense des défenseurs, tout un programme !

 

Guy Aurenche, avocat honoraire, auteur de Droits humains n’oublions pas notre idéal commun ! Édition Temps Présent, ancien président de l’ACAT (action des chrétiens pour l’abolition de la torture) et du CCFD-terre-solidaire (comité catholique contre la faim et pour le développement)

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