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Mag #10
10 – Dixième numéro
Comprendre

Quand les personnes en situation de précarité prennent la parole

Publié le 8 novembre 2021

Dans un moment où le pape François invite à vivre la foi dans les périphéries de la société, cette nouvelle session de réflexion pastorale et théologique : « Clameur de la terre et clameur des pauvres », consacrée à l’écologie intégrale, donne l’occasion aux personnes en situation de précarité et d’exclusion sociale de faire entendre leurs voix au travers leurs difficultés, leurs joies et leurs peines. Les évêques ont pu (re)découvrir la force de la parole des plus pauvres.

« L’expérience des personnes fragiles est une chance pour l’Église. Nous vivons un temps unique, notre Église entre dans une démarche du « frère » et du soin de la Création ». Ce sont les mots de Pascal Balmand, délégué Écologie intégrale à la Conférence des évêques de France (CEF) pour qualifier ce qui va se vivre à Lourdes pour la première fois entre les 120 évêques et les personnes en situation de précarité.

Au cœur de la cité mariale, la veille des rencontres avec les évêques et les 200 invités diocésains, la quarantaine de personnes en situation de précarité encadrées d’une vingtaine d’accompagnants arrivent à l’Accueil Notre-Dame, à Lourdes. L’objectif de cette journée d’accueil ? Permettre aux groupes issus des diverses régions géographiques de faire connaissance, de s’approprier le déroulement de l’Assemblée plénière, de se familiariser avec les lieux, préparer les interventions qu’ils présenteront aux évêques, le mercredi 3 novembre et surtout de vivre un temps de prière et de célébration avec Monseigneur Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis et Président du Conseil pour la Solidarité et la Diaconie. Nombre d’entre eux, impressionnés viennent pour la première fois à Lourdes. Laurent van Ditzhuyzen et Marion Cremona cofondateurs de l’Université du Nous (UdN) ainsi que des bénévoles du Secours Catholique, du réseau Saint Laurent et de Lazare contribuent activement à l’animation des échanges.

Un cheminement en trois temps

En aval de ces rencontres, les associations et divers conseils de solidarités se sont réunis pendant deux mois trois fois par semaine avec les personnes en situation de précarité. Le but ? Réfléchir à l’élaboration de trois thèmes sur la clameur des pauvres, sur la maison commune, et la clameur de la terre. Ils devaient tout particulièrement s’interroger sur ce qui les rend leur vie difficile, ce qui leur donne de la joie, les moments de solidarité et de fraternité qui les rendent heureux.

Parmi eux, dans un atelier, Gisèle, paroissienne de Draguignan, membre de la Diaconie du Var et trois réfugiés du Moyen-Orient de l’Oeuvre d’Orient ont témoigné de leur cheminement. Entre isolement et fin de mois difficile, Gisèle, mère de quatre enfants, raconte un long tunnel où la spiritualité la maintient à flot. « Pour les précaires, le sens du mot pauvreté a dix fois plus d’impact et provoque chez eux la peur du jugement car le regard des autres est très stigmatisant. La pauvreté n’est pas que financière. Les pauvres ont besoin d’une écoute véritable, entièrement en prenant le temps. Le regard qui juge ou l’absence regard ou encore l’absence d’écoute rend la vie difficile. » Touchés en plein cœur, quelques évêques la remercient de son puissant témoignage qui émeut aussi les convives dans la salle.

Les réfugiés de l’œuvre d’Orient ont également raconté leurs difficultés, notamment celles de leur conversion dans leur pays d’origine. Musulmans, ils sont devenus catholiques et ont dû fuir la répression de leur pays d’origine*. »Ils ont fui leur pays au nom de leur foi« , relate André Maillard, diacre et chargé de mission à l’Oeuvre d’Orient. « J’ai fait le choix de cette religion catholique car j’y trouvais tout ce que je voulais« , exprime l’un d’entre eux en ajoutant : « J’ai tout laissé derrière moi car j’ai trouvé ma liberté, mon chemin. Grâce à notre foi, notre vie recommence dans un autre environnement« .

* Pour des raisons de sécurité, nous ne dévoilons pas la provenance de leur pays d’origine.

Les associations, les Conseils pour la solidarité ou les conseils de la diaconie participantes aux demi-journées de l’écologie intégrale

L’Œuvre d’Orient, les Amis de l’Évangile du Havre, le groupe de parole Le Puits et la diaconie du Var avec la Fraternité Saint-Laurent, la Pierre d’angle de Paris et Poissy, le Sappel de Lyon, le Secours Catholique du Pays de l’Adour et des Hauts-de-Seine, la Fraternité Georgette de Montauban, le groupe Aux captifs la Libération de Paris, la Fraternité Saint-Martin de Tours…

Les groupes diocésains sont : « la place et parole des pauvres » avec les diaconies des diocèses de Grenoble, de Toulouse et du sanctuaire de Lourdes, les représentants de la diaconie de Lille, le pôle diocésain solidarité du diocèse de Troyes, la société Saint-Vincent-de-Paul et l’association Lazare (Nantes et Lyon)…

 

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