Mag #4 4 – Quatrième numéro Constater
L’Avent, un temps privilégié pour vivre Laudato Si’
L’Avent peut être un temps privilégié pour vivre Laudato Si’, encyclique du pape François sur l’écologie intégrale. Grégoire Catta, S.J., théologien, membre du Centre de Recherche et d’Action Sociales (CERAS) et enseignant au Centre Sèvres, donne quelques pistes, éclairé par Laudato Si’. En marche vers la conversion écologique (Documents Episcopat, N° 7 de 2016). Par Chantal Joly.
On relie facilement le temps liturgique du Carême – temps de conversion, de partage et de jeûne – à l’écologie. Comment cette préoccupation peut-elle résonner pendant l’Avent ?
L’Avent n’est pas seulement le temps de la préparation de Noël mais celui de l’attente, une attente nourrissante sur le plan intérieur. Nous sommes invités à avoir une attitude de veilleur, à être attentifs au jour de la venue du Christ. Or les Pères de l’Eglise nous redisent bien que si celui-ci est venu dans l’Histoire et s’il reviendra à la fin des temps, le Christ est aussi présent dans le monde d’aujourd’hui. Dieu est à l’œuvre dans sa Création !
Dans ce numéro de la collection Documents Episcopat, ce point est développé sous l’intitulé « Tout est donné » du texte d’Elena Lasida « Quelques clés pour lire Laudato Si’ ». Ce qui nous est donné, c’est en effet la Création. Et le moteur spirituel dont parle le Pape, c’est le fait de ralentir, de nous arrêter pour prendre conscience dans une attitude de contemplation amoureuse du fait que la terre est notre maison et que cette maison nous est commune. L’Avent peut ainsi aider à la conversion écologique en permettant de louer ce don reçu, avant de se lancer dans tout activisme. C’est la manière dont nous célébrerons la Nature comme lieu où nous pouvons rencontrer Dieu qui alimentera nos actions économiques, sociales, pratiques…
Un autre point peut être développé et vient naturellement à l’esprit : celui d’associer l’Avent à une période de joie. C’est notamment à cette période qu’on relit le prophète Isaïe qui annonce dans le futur beaucoup de joie lorsqu’il évoque le fait que « Le loup et l’agneau auront même pâture… » (Isaïe 65, 25). L’encyclique nous met sur le chemin de la joie juste.
Comment ce souci de l’écologie peut-il s’inscrire concrètement dans le temps de l’Avent et de Noël ?
Laudato Si’. En marche vers la conversion écologique montre bien qu’il y a des choses concrètes à faire : y compris dans la manière de célébrer : textes bibliques spécifiques, chants, décorations florales, prière de Saint François d’Assise….. Il y a eu, bien sûr, la proposition d’un « Temps de la création » du 1er septembre au 4 octobre mais c’est au quotidien qu’il faut continuer à chercher à mettre en valeur ce lien dans nos célébrations dominicales et nos sacrements, en allant plus loin que des intentions de prière.
Si la sortie de l’encyclique a suscité l’organisation de nombreuses conférences, les communautés chrétiennes semblent peu mobilisées par sa mise en œuvre. Pourquoi ?
Petit à petit, une prise de conscience se fait mais le problème semble tellement grand et difficile à surmonter. Prendre en compte l’encyclique oblige de plus à changer assez radicalement de mode de vie. En soulignant la proximité de la manière dont nous nous comportons avec la nature (domination ou respect) avec celle dont nous agissons avec les autres, le Pape a mis le doigt sur quelque chose d’essentiel. Il ne pointe pas seulement des recommandations éthiques, il propose une théologie et une spiritualité de la Création. Prendre soin de la maison commune c’est la justice sociale ET c’est la conversion écologique.
Alors que je n’avais pas cette culture militante écologique, mes compagnons jésuites m’ont fait cheminer et l’encyclique m’a fait accomplir une sorte de bond en avant. En tant que théologien de la Pensée sociale de l’Eglise, je réalise aujourd’hui que l’écologie n’est pas un champ spécifique mais l’élément intégrateur de cet enseignement. Nous devons avoir à cœur cette compréhension afin de nous convertir nous-mêmes et de faire de l’écologie un lieu de mission.
Cet article a été publié sur le site Internet Église Catholique