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Mag #8
8 – Huitième numéro
Constater

L’écologie intégrale fait partie de notre ADN

Publié le 7 juillet 2021

Ouverte à tous, la Fédération sportive et culturelle française (FSCF), multi-activités et d’inspiration chrétienne, s’appuie sur une vision originale pour développer une démarche responsable et durable. Rencontre avec Laurence Munoz, docteur es Staps, vice-présidente de la FSCF, chargée de la recherche, du développement et de l’innovation. Par Florence de Maistre.

Quelles sont les particularités de la Fédération sportive et culturelle française (FSCF) ?

C’est une fédération d’inspiration chrétienne née à la fin du XIXe siècle. Elle considère les activités proposées comme un moyen au service de la formation et de l’épanouissement des personnes. Les activités sont multiples, sportives, culturelles, socio-éducatives, et proposées par de nombreuses associations différentes, dont quelques maisons de quartiers ou de jeunes. Certaines émanent d’anciens patronages. Le sport a une place importante au sein de la fédération, avec ce sentiment qu’il est un support pour transmettre de nombreuses valeurs, et non un but ultime. C’est l’éducateur qui, par son approche, accompagne la personne pour qu’à travers la pratique sportive, elle vive des situations qui lui permettent de développer de nouvelles compétences, de savoir être avec les autres.

Notre projet éducatif s’appuie sur cinq piliers : respect, ouverture, solidarité, responsabilité, autonomie. C’est la traduction moderne de notre empreinte chrétienne. Nous organisons des rencontres compétitives et de loisirs pour les jeunes jusqu’au 3e âge. Avant la crise sanitaire nous rassemblions 200 000 licenciés.

Quelle attention à l’écologie intégrale portez-vous ?

Je vois deux aspects. Il y a celui qui constitue la moëlle épinière de l’identité de la FSCF. Depuis la création de la fédération, le sport n’est, pour nous, pas une fin en soi. Il est d’entrée de jeu intégré à la vie sociale. C’est un élément pour faire grandir ensemble des personnes différentes dans le respect de leur diversité. On peut dire que l’écologie intégrale est intrinsèquement liée à l’ADN de la fédération. Par ailleurs, depuis plus de dix ans, nous avons pris conscience de l’importance de mettre en œuvre un projet d’éducation au développement durable. Nous avons créé une commission spécifique, transversale à toutes les activités. Depuis, le concept a évolué, afin d’étendre la démarche écologique à ses dimensions sociales et environnementales. Nous mobilisons les associations afin qu’elles soient attentives à leur empreinte. Nous avons lancé le concept “Une charte, un club”. Les structures choisissent des axes d’amélioration de leur impact et s’engagent à sensibiliser leurs adhérents. Ce sont des actions pratiques, des gestes applicables au quotidien. L’association signe sa charte pour quatre ans. Un bilan est proposé à mi-étape. Pour l’organisation de manifestations et de rencontres, nous avons initié la “Démarche responsable” et encourageons les associations à acheter local, à faire du covoiturage, etc. Nous accompagnons aussi les organisateurs pour l’obtention du label du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) “Développement durable, le sport s’engage”. En ce domaine, on peut dire que nous tenons le podium : nombre de nos manifestations sont labellisées ! Enfin, depuis 2017, nous avons signé avec l’ONG WWF France, la Charte des quinze engagements écoresponsables des organisateurs d’évènements sportifs.

Y a-t-il d’autres démarches développées auprès du public ?

Je crois bien que cela fait partie de l’écologie intégrale : nous sommes en train de mettre en place une démarche multi-activités qui vise à optimiser l’environnement dans lequel on se situe. Il s’agit par exemple de profiter d’une manifestation pour organiser une randonnée dédiée aux parents inactifs ou pour proposer un stand avec un organisme à sensibilité écologique. À travers la multi-activités, nous souhaitons que nos adhérents vivent des expériences variées, qu’ils découvrent leur capacité d’agir, de s’exprimer, etc. Nous rejoignons les objectifs de l’éducation populaire. Pratiquer un sport et éduquer en même temps au bien goûter est un autre exemple. En vivant cet apprentissage, les enfants savent ensuite le renouveler. “La polyvalence comme excellence” est notre slogan. La société valorise les spécialistes. Pourtant les personnes généralistes, sensibles aux autres, qui s’efforcent de créer des liens, sont toutes aussi importantes. Nous ne visons pas la formation d’athlètes olympiques, mais souhaitons contribuer à l’équilibre des personnes au service de la cité, dans la compréhension des autres.

Qu’est-ce qui vous touche particulièrement dans l’ensemble de ces propositions ?

Nous avons une chance énorme de pouvoir nous adresser à la personne dans son ensemble, dans son intégralité, de s’adresser à tous ses étages. Notre projet est noble, précieux, ambitieux. Il semble à contre-courant de l’image que la société renvoie des sportifs de haut niveau, mais il me paraît être au cœur de la cohésion sociale. Nous proposons chaque année une semaine “Soleader”, un séjour d’engagement solidaire dédié aux 18 – 25 ans. Au programme, des activités sportives et des interventions de professionnels sur la gestion de projets. À l’issue, les jeunes en imaginent un et le soutiennent devant un jury. À charge pour nous de les accompagner pour le réaliser, si possible. C’est très stimulant, les jeunes en sortent transformés ! Ils se rendent compte qu’ils sont capables d’agir, de penser, d’être acteur de leur vie, sans la subir. Nombreux sont ceux qui s’engagent ensuite dans la vie associative. Deux jeunes femmes de moins de 30 ans, qui ont participé à Soleader en 2012 et qui nous ont emmené à Londres pour les Jeux paralympiques sont entrées au comité directeur de la FSCF. Elles s’appuient sur cette expérience comme sur celle qui a initié leur prise de responsabilité. Nous sommes persuadés du bien-fondé de cette opération, mais nous peinons à la maintenir, faute de recrutement, faute d’une image sans doute trop à contre-courant. Mais j’ai confiance dans la vision de la fédération. Les fervents de la vie associative en sont convaincus : ils accompagnent la croissance des personnes et leur permettent de s’engager. C’est le cœur de la vie associative. C’est l’esprit inspiré de l’Évangile, tout en laissant chacun libre, le sport étant apolitique et areligieux, de mettre du sens à la hauteur qu’il veut.

Consultez le site Internet de la FSCF

 

Une charte, un club

2011 : mise en place de la démarche

50 structures engagées (association locale, comité départemental, comité régional) : autant de chartes différentes que de réalité de terrain

10 actions choisies et formulées dans chaque charte dont :

4 à 5 déjà initiées

3 à 4 à développer à moyen terme

2 à 3 demandant plus d’implication

3 actions originales pour plus de lien social et durable

Aide aux devoirs : sur des créneaux disponibles, les bénévoles accueillent des jeunes désœuvrés.

Entretien d’un parterre : à côté du gymnase, un petit jardin potager ou fleuri est cultivé.

Échange intergénérationnel : les jeunes sont formés pour prendre des responsabilités au sein de l’association ; les aînés sont toujours conviés aux fêtes.

Label CNOSF

Depuis 2010, la FSCF a reçu 78 fois le label du CNOSF pour ses évènements sportifs. Soit 7 à 8 manifestations chaque année (avant Covid) : des compétitions de ski aux rencontres gymniques, et même aux fêtes “L’éveil de l’enfant” qui mêlent en pleine nature activités physique, culturelle et artistique.

La Charte des quinze engagements écoresponsables

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