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Mag #4
4 – Quatrième numéro
Constater

Noël joyeux de la Provence

Publié le 9 décembre 2020

Réflexions du Père André-Jacques Astre, prêtre du diocèse de Nice et collectionneur de santons.

La représentation de la Nativité avec des figurines est une importante tradition, dans bien des régions, la Provence en fait partie.
Il y circule un certain nombre de théories, de récits et de légendes qui affirment expliquer l’origine de cette pratique. Je garde ma distance avec toutes, la vérité est probablement quelque part avec un peu de chaque histoire. La crèche est une des rares dévotion domestique qui existe et semble perdurer encore dans les foyers chrétiens catholiques.  C’est déjà en cela très important.

Loin d’être une mièvre et infantile tentative de reproduire ce qui c’est passé il y a longtemps à Bethléem, elle est comme tout ce qui paraît simple, le fruit d’une intense réflexion, mûrie dans le temps et la méditation. Il s’agit d’affirmer que Jésus «Dieu fait homme» vient au milieu de nous, dans mon lieu de vie, et jusqu’en ma maison. La crèche est avant tout une icône, elle nous révèle une vérité de notre foi, le mystère de l’incarnation. Il y des signes très forts auxquels nous sommes habitués, au point de ne plus les remarquer. Je citerai en exemple que dans l’étable, Jésus est toujours placé entre Marie et Joseph, avec l’âne et le bœuf qui achèvent la symétrie.

Si l’Évangile dit en effet que Jésus a été déposé dans la mangeoire, dans les étables, la mangeoire est le plus souvent sur un coté, accrochée à un mur. La crèche nous a habitués à mettre Jésus au centre. Il est maintenant présent –au milieu de nous–, c’est un message catéchétique exprimé par le visuel. Ce n’est qu’un exemple, je pourrais en citer bien d’autres… Si en Provence, les santons représentent les divers métiers et états de vie, c’est pour nous dire que Dieu vient chez nous, dans le temps, l’époque et la culture qui sont les nôtres. Le fait qu’ils soient faits d’argile, peut être lu comme une façon de souligner ce lien avec notre terre, Dieu vient au milieu de nous, il prend chair de notre chair, terre de notre terre. Je ne suis pas pour «fossiliser» les personnages de la crèche dans une image relevant du 19ème siècle. L’incarnation est encore et toujours une vérité de foi pour nous aujourd’hui.

Je déplore que la majorité des santons de Provence, surtout les «habillés», représentent le plus souvent des vieillards. Jésus n’est pas venu que pour les vieux… En cela, je trouve les crèches Italiennes  plus lisibles. Elles représentent des gens de  tous âges et de toutes conditions.

On me dit collectionneur de crèche, je collectionne surtout et avant tout les chansons et les disques de phonographes. Je ne peux terminer ces mots sans citer une chanson de 1935 de René Sarvil et H. Ackermans, chantée par Reda Caire puis bien d’autres: «Le Noël des petits santons».

«Naïvement, dévotement, ils vont à Dieu porter leurs vœux et leur chant est touchant. Noël, joyeux Noël, Noël joyeux de la Provence.»

Par delà l’apparente naïveté baignant dans la dévotion populaire, la crèche, discrètement nous délivre un très beau message, elle nous annonce le plus beau message, la meilleure nouvelle, la bonne nouvelle, l’Évangile. Aujourd’hui nous est né un sauveur laissons nous toucher par ce message.

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