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Mag #1
1 – Premier numéro
Constater

Printemps Solidaire à la paroisse Saint Séverin Saint Nicolas à Paris

Publié le 20 mai 2020
Paroisse Saint Séverin Paris

Paroisse Saint Séverin Paris

La pandémie de Covid 19 qui sévit actuellement a fortement ébranlé tous les secteurs de nos sociétés. Ceux qui parmi nous sont les plus vulnérables ; les personnes en situation de précarité, les personnes âgées, les malades,…en seront durablement affaiblis. L’Église catholique, plus que jamais, se tient au chevet des plus fragiles.

Témoignage du père Normand, curé de la paroisse Saint Séverin Saint Nicolas à Paris

Tout était planifié. L’opération « Hiver Solidaire » à la paroisse Saint-Séverin devait s’arrêter le mardi 17 mars 2020 après le petit déjeuner.

« Hiver Solidaire » à Saint-Séverin ? Sept amis de la rue de accueillis depuis début janvier dans les salles paroissiales du presbytère pendant la période potentielle de grand froid. Quatre-vingts bénévoles qui se sont relayés auprès d’eux pour préparer le dîner, partager le repas et la soirée, dormir sur place, prendre le petit déjeuner ou faire le ménage. Onze semaines au cours desquelles des liens se sont tissés peu à peu.

Tout a été bouleversé. Lundi 16 mars au soir, l’annonce du confinement pour lutter contre la propagation du Covid-19 est venue rebattre toutes les cartes. Que faire pour nos amis ? Leur dire de partir, selon ce qui était prévu ? Les conditions de vie dans la rue allaient devenir de plus en plus difficiles. Que faire sans bénévoles ? Chacun devant rester chez soi, particulièrement la population dite fragile.

Mardi matin, au cours de l’office des lectures et des laudes prié avec les séminaristes de la maison, le père Vincent Thiallier et moi avons été interpellé par un verset du psaume 67. « A l’isolé, Dieu accorde une maison ; aux captifs, il rend la liberté ». Et la cogitation s’est mise en marche.  A la sortie de l’office, nous nous sommes retrouvés. « J’ai réfléchi pendant les laudes » dit l’un. « Moi aussi », répond l’autre. Le père Thiallier propose de prendre intégralement en charge cette petite communauté. Nous réunissons nos amis au cours du petit déjeuner et leur proposons de rester pour la période du confinement. Soulagement général.

Tout s’est réorganisé. Mais différemment. La première préoccupation était d’avoir de quoi nourrir 17 bouches tous les jours. Nous avons été aidés par la générosité des restaurateurs du quartier qui déstockaient les denrées périssables. Il fallait aussi prendre en compte la blanchisserie de nos amis. Rythmer la journée pour que la vie commune puisse tenir. Au bout de dix jours, l’un d’entre eux a choisi de partir. C’est ainsi : on ne peut pas vivre la vie des autres à leur place.

Désormais, la vie en confinement avance au fil des rites qui se sont mis en place.

Réveil, distribution de tabac et petit déjeuner en musique. « Le chant grégorien, c’est apaisant », confie un des accueillis. Puis chacun participe au grand ménage des chambres, des sanitaires, de la cuisine et de la grande salle où nous prenons nos repas. Pour le déjeuner, les séminaristes font la cuisine pour tous. Au cours de l’après-midi, il est possible de rendre service pour entretenir le cloître dans lequel nous avons la chance de pouvoir prendre l’air. Le soir peut donner l’occasion à l’un ou l’autre de nos amis accueillis de déployer ses talents culinaires. Dimanche, la célébration de la messe permet à la communauté des séminaristes et celle d’Hiver Solidaire de se retrouver.

Tout était planifié, tout a été bouleversé, tout s’est réorganisé. Nul d’entre nous ne peut prédire où l’aventure le mènera. Dieu le sait.

Père Normand, curé de la paroisse Saint Séverin Saint Nicolas

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