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Mag #1
1 – Premier numéro
Enraciner

Parler de la création après Laudato si’

Publié le 19 mai 2020

Couverture du livre Elena Lasida

Depuis le début des années 2000, Justice et Paix France a promu un travail sur la question écologique, et a publié plusieurs ouvrages, le problème environnemental étant considéré comme le défi majeur de notre époque. 

Mais l’attention portée à l’avenir de la vie sur notre terre comprend aussi une prise en compte de la justice sociale. Pour traiter correctement l’ensemble de ces problèmes, il importe donc d’intégrer également les approches culturelles et éthiques. 

Mode d’élaboration de l’ouvrage 

Tout naturellement, un travail de réception active de l’encyclique Laudato si’ (2015) a été entrepris et a donné lieu à la publication dès 2017, sous l’égide du Conseil Famille et Société de la Conférence des évêques de France (CEF), d’un ouvrage collectif intitulé « Nouveaux modes de vie ? L’appel de Laudato si’ ».

En même temps, un groupe de travail œcuménique a été mis en place, dans le même cadre, pour une réflexion théologique et pastorale centrée sur la notion de « Création ». C’est le résultat de ce travail qui vient d’être publié. Chacun des cinq auteurs présentait au groupe un projet concernant quelques chapitres. Suite aux remarques et aux échanges, l’auteur reprenait son texte et le signait de son nom ; signe de l’importance accordée à cette réflexion en commun, certains chapitres apparaissent sous une double signature. L’ensemble a également été soumis à plusieurs personnes, en raison de leurs compétences théologiques et pastorales. Il y eut donc, durant l’ensemble de l’élaboration, la volonté de promouvoir un travail collectif, tout en respectant la particularité de chacun des auteurs. 

Les auteurs et les accents portés 

Elena Lasida, qui a piloté l’opération, est professeur d’économie à l’Institut catholique de Paris et chargée de mission « Écologie et société » au Service National Famille et Société de la CEF. Antoine Arjakovsky, orthodoxe, est docteur en histoire et codirige le département recherche « Politique et Religions » au Collège des Bernardins. François Euvé est jésuite, docteur en théologie et agrégé de physique, rédacteur en chef de la revue Études. Alfred Marx, exégète, est professeur honoraire de la Faculté de théologie protestante de Strasbourg. André Talbot, enseignant en éthique sociale, est membre de Justice et Paix France. 

Chaque chapitre est coloré par l’appartenance confessionnelle des auteurs. Antoine Arjakovsy met l’accent tant sur la sagesse que sur la fête liturgique de la création. François Euvé s’intéresse tout particulièrement aux récits bibliques de création, notamment à propos des questions du mal et de l’homme « image de Dieu » (en duo avec Alfred Marx) ; il évoque aussi la théorie de l’évolution et l’espérance chrétienne. Elena Lasida traite de la place de la femme et de la notion d’alliance dans les récits bibliques. Alfred Marx est co-auteur de trois chapitres, avec François Euvé et Elena Lasida, et traite personnellement de la manière dont la Bible raconte la Création. André Talbot s’intéresse à nos représentations de la Création qui ont un impact sur la vie sociale, qu’il s’agisse de la toute puissance et du sabbat, mais aussi de notre rapport à l’ensemble du vivant. 

On le comprend facilement, l’ouvrage ici présenté n’affiche pas une thèse unique, on y trouve des approches différenciées, en écho à Laudato si’, de manière à poursuivre la réflexion et à s’interroger sur ses pratiques tant personnelles que sociales. Aucun résumé ne remplacera donc la lecture ! Les auteurs ont une lecture confessante de la Bible et interprètent le message de l’encyclique selon une perspective à la fois pastorale et théologique. Mais reste une question : comment partager, à partir de la notion biblique de Création, avec des personnes qui ne s’inscrivent pas dans une démarche « religieuse » ? 

Parler de la création après Laudato si’. Sous la direction d’Elena Lasida, préface de Mgr Feillet, Parler de la création après Laudato si’, Bayard, 26 février 2020, 192 p.

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