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Mag #6
6 – Sixième numéro
Non classé

Revivez les séquences écologie intégrale de l’Assemblée plénière de mars 2021

Publié le 24 mars 2021

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France, et Pascal Balmand, chef de projet « Transition écologique et écologie intégrale » au sein de la Conférence des évêques de France, accueillent les évêques et leurs invités et introduit les réflexions des deux jours à venir autour de « Créer et produire : quelle empreinte ? ».

 

Sauver la nature ?

Paul Colrat, collaborateur régulier des revues « Limite » et « Communio », fondateur du café Le Simone (espace culturel catholique, Lyon) et ancien président des Alternatives Catholiques. Maître d’œuvre du numéro de novembre-décembre 2020 de Communio (« Sauver la nature ? »), dans lequel il a publié un important article intitulé « Sauf la nature. De l’écologie à la sotériologie ». Dans son intervention, Paul Colrat s’est particulièrement penché sur les notions : « d’écologie chrétienne », de « Salut » et de « méditations sotériologiques ».

 

La finance peut-elle sauver le monde ?

Depuis Washington (Etats-Unis) où il vit, Bertrand Badré, Inspecteur des Finances, puis directeur financier de la Société Générale et du Crédit Agricole, puis Directeur général de la Banque Mondiale, qu’il a quittée en 2016 pour créer le fonds d’investissement responsable qu’il dirige, est intervenu ce mardi 23 mars 2021 devant l’Assemblée plénière des évêques de France réunis à Lourdes pour proposer une analyse panoramique et globalisante des limites ou des impasses de nos modèles économiques dominants, en particulier autour des effets de la financiarisation non maitrisée dans lequel nous vivons. Avant de se pencher sur le modèle financier du « monde d’après », il a expliqué le « monde d’avant » au travers d’une perspective historique assez large en brossant – à grands traits – le dernier siècle économique et financier (la fin de la Première Guerre mondiale, la crise de 1929, la Seconde Guerre mondiale, les accords de Bretton Woods et la création de la banque mondiale de 1944, puis le plan Marshall de 1947). Enfin, il s’est également penché sur l’état du monde avant la dernière crise financière, celle de 2008, avec la faillite de Lehman Brothers, et sur la crise de confiance qui s’en est suivie. Il estime que les Etats n’ont pas pris en compte les problématiques sociales et environnementales auxquels nous sommes confrontées aujourd’hui.

Ces entrepreneurs sociaux qui déploient l’écologie intégrale dans un monde de productivité

Jeanne Zeller

Ingénieure en agriculture de formation, elle est depuis une quinzaine d’années, en charge de la RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise) au sein de grands groupes agro-alimentaires pendant une dizaine d’années chez McDo France, pour quelques jours encore chez SODIAAL (première coopérative laitière), et très bientôt chez Bonduelle. En parallèle, une activité d’accompagnement centrée sur les questions de choix de vie et de contribution au monde. Dans son intervention, Jeanne Zeller a expliqué qu’elle avait engagé les entreprises – pour lesquelles elle travaille – dans la transition écologique et dans la prise en compte des enjeux sociaux là où « le modèle des entreprises est centré sur une performance économique ». Elle a fait le choix d’être au sein de ces grands groupes car ces entreprises ont un « impact massif », elles touchent en effet 95% des Français. Dans son quotidien, elle essaye de faire comprendre les enjeux de sensibilisation d’empreinte carbone ou de gaz à effet de serre à tous les niveaux des entreprises (les directeurs d’usines, les directeurs marketing, les fournisseurs, les acheteurs…) pour que chacun s’engage à son échelle. « On peut partir de là où on est dans nos vies », explique-t-elle, pour aller plus loin. Par ailleurs, elle a rappelé que les enjeux écologiques et sociaux sont des « enjeux de longs termes qui ont besoin de transformations profondes ». Enfin, la notion de « gouvernance » lui tient à cœur, de passer d’un système pyramidal à un système de co-construction pour écouter chacun, en particulier les jeunes.

Etienne Hirschauer

Après avoir été cadre supérieur et chef d’entreprise dans le domaine des télécommunications, dirige depuis 2018 la société ECODAIR : entreprise qui regroupe environ 120 personnes, dont 80% sont soit en situation de souffrance psychique (schizophrène, bipolaire), soit en insertion (en lien avec l’alcool, ou des problèmes avec la justice). Autour d’un projet d’informatique durable et solidaire, ECODAIR reconditionne du matériel informatique et le met au service d’une politique de réduction de la fracture numérique sur le marché. Etienne Hirschauer, entrepreneur et commercial de formation spécialisé dans la vente, s’est engagé professionnellement à Ecodair après en avoir été bénévole six mois. « Je ne connaissais rien ni au handicap ni à l’informatique ». Sur le sujet de l’écologie intégrale, il essaye à Ecodair de faire bouger les pratiques tout en prenant en compte: « de la tension entre la performance et la fragilité ». L’enjeu est d’articuler au sein d’ECODAIR ces deux données antinomiques. « Comment la mission sociale et la mission économique de l’entreprise peuvent-elles se rejoindre ? », s’interroge-t-il. D’autant plus que l’entreprise ECOADAIR collecte 300 tonnes de déchet par an, et qu’elle a triplé son chiffre d’affaires en 2020. « L’activité explose, comment accompagner le développement de notre entreprise ? ».

Delphine Chouvet

Marquée par des années passées en Tunisie et en Inde, où elle a découvert l’univers des chiffonniers, elle s’est d’autant plus ouverte aux questions de fragilité et d’insertion que deux de ses quatre enfants sont porteurs de handicap. Entrepreneuse sociale, elle a fondé en 2014 l’association des Valoristes Bourguignons, située en Saône-et-Loire. Cette initiative locale très dynamique montre qu’il est possible de trouver l’efficacité économique en faisant place à des personnes victimes d’exclusion autour d’activités de valorisation du matériel (activité de collectes, de traitements et de valorisation des déchets). Son entreprise recycle tout particulièrement le polystyrène, le plâtre, les liens de cerclage et la glassine… ce qui représente 250 tonnes de déchets par an. « J’ai toujours eu à cœur d’accueillir des publics fragiles ». En 2021, l’entreprise salarie trente personnes (quatre permanents et vingt-cinq en insertion). Elle a intégré également les Gens du voyage dans son projet, en mettant en place pour eux un dispositif d’insertion par le travail indépendant. Ils collectent les déchets du bâtiment, « parent pauvre de recyclage ». Delphine Chouvet propose également une mission d’accompagnement et de coaching professionnelle. L’enjeu est d’adapter l’entreprise aux salariés et leur donner de la flexibilité par rapport aux horaires de travail, « en particulier pour les femmes qui élèvent seules leurs enfants ».

Bertrand Foucher

Ancien volontaire DCC à Madagascar, Bertrand Foucher a mené pendant vingt ans une carrière de cadre supérieur dans différentes grandes entreprises dans le conseil et le digital, tout en s’engageant activement dans le tissu de l’ESS. Depuis 2017, il est détaché en mécénat de compétences par son employeur Accenture, pour animer et diriger le développement de l’initiative « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée » sur le territoire de Villeurbanne, dans un projet qui s’appelle « Emerjean ». Fruit d’une mobilisation historique et portées par des associations de solidarités (ATD Quart-Monde, Secours catholique et Emmaüs) depuis plus de vingt ans, Emerjean est désormais une entreprise à but d’emploi créée de toutes pièces dans le cadre du projet Territoire zéro chômeur de Villeurbanne. Le « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée » a pu voir le jour grâce à une loi d’expérimentation votée par le parlement en février 2016, et le projet est né dans dix territoires aux quatre coins de France dont le quartier Saint-Jean, à Villeurbanne. « Un quartier populaire et l’un des plus pauvres de la métropole lyonnaise, très enclavé avec peu de mixité sociale ». L’enjeu est d’éradiquer le chômage de longue durée de manière innovante. Leur ambition est de rendre l’emploi comme un vrai droit et « comme le proclame le préambule de la constitution qui dit que chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ». Cinq millions de personnes sont concernées en France par le chômage. Mais seule la moitié est connue des chiffres de Pôle Emploi. Grace à cette expérimentation, ces structures embauchent sans aucune sélection des personnes volontaires en CDI, au SMIC et à temps choisi. Sur les dix territoires, plus de 1000 personnes ont été sortis de la « privation d’emploi ».  A Villeurbanne, la structure embauche 95 salariés dont 89 anciens chômeurs (surtout des jeunes sortis du système scolaire).

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